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GR: On se voyait qu'à l'école hein, on n'en allait pas les uns chez les autres comme vous maintenant c'était pas du tout. Ah non, non non.
CG: Ouais parce qu'après ils, eux ils euh, ils allaient retravailler chez eux, et puis toi. GR: ils rentraient chez eux, on se, on se voyait pas que, à l'école après,
GR: ben, on ne se voyait pas du tout. SG: par contre vous, vous étiez, c'est dans vos corvées que vous amusiez entre copains copines.
GR: Oui . Quand c/ quand c'est qu'il y avait les batteries de, de mécanique, et ben là les jeunes tout ça,
GR: alors là, on se retrouvait , et là c'était la fête, les gens f/ des fois le soir euh, dans certaines euh,
GR: f/ euh , mécaniques, dans certaines fermes, ils chantaient après la, la mécanique, et puis on mangeait la soupe de boeuf, le boeuf, puis la, de la (x)
GR: et ben, on faisait, c'était vraiment bon.
SG: C'était là le , le, le, le rassemblement des jeunes. Au travers le travail.
GR: Au travers l/ oui oui.
GR: Autrement non. C'était la vie, comme ça serrée. C'était la vie serrée. Oui oui, ah oui.
GR: Bon on se plaisait on pensait pas à, aux réjouissances du tout, pas du tout pas de télé pas,
GR: pas (x).
SG: Ben oui.
GR: Alors pas de télé, pas de radio, pas rs/ rien du tout.
GR: Voilà. CG: donc le soir quand tu rentrais de l'école donc tu rentrais vers quatre heures quatre heures et demi , de l'école,
CG: et aussitôt euh, une petite collation , et puis, tu, tu allais aider tes parents à traire les vaches.
GR: On n/ euh non , que quand j'étais sortie des écoles.
GR: Mais on allait aider à ramasser des pommes le soir euh quand même, le soir , on allait ramasser des pommes.
SG: Tu faisais tes leçons après. GR: on faisait les leçons à/ le soir à la veillée.
GR: Le soir, seulement. Mais on allait aider. Et pendant les vacances euh, ils faisaient des betteraves,
GR: on coupait, avec un coupe-racines on ramassait les betteraves, alors ça, on faisait ça pendant, quand c'était les vacances, on aidait nos parents pendant les vacances.
GR: A travailler, le , (xx), toute la journée.
GR: Pendant les grandes vacances, et ben, dans, on avait un grand jardin au (xxx),
GR: et ben il y avait des choux p/ on faisait, on élevait deux porcs, et ben on cerclait les choux à la main,
GR: (xxx) comme ça dans les choux alors on cerclait tout à la main,
GR: mais il faisait chaud. SG: c'était des petites superficies, c'était beaucoup de travail mais des petites superficies, c'est normal, puisque vous étiez pas équipés.
GR: Oui oui, oui oui.
GR: On a pensé à travailler, très très jeunes. Très très jeunes. Ah oui.
SG: Douze ans vous arrêtiez les études hein.
GR: Oh ben oui . Ben, je dis s'il fallait qu'on voit, s'il fallait qu'on voit un enfant maintenant
GR: qui travaille à douze ans , nous on travaillait vraim/ en pleine chaleur dans les greniers on avait chaud ça nous roulait.
GR: On dirait 'On va le faire mourir' (x) , il porterait plainte presque . Il porterait plainte.
SG: Enfance maltraitée oui.
GR: Enfance maltraitée, ah oui. Mais c'était tout le monde comme ça.
GR: Oui, c'était le départ de, la vie active. Oui oui.
E: Ah c'était une autre vie hein.
GR: C'était la vie comme ça.
SG: Il faudrait presque que ça revienne un petit peu.
E: Oui à , tu vois au, juste milieu.
SG: Oui. Non mais, c'est vrai.
SG: Je pense qu'au niveau du travail de force v/ vous votre époque, c'est, c/ c'est autre chose.
CG: Ouais mais après il y a, il y a eu toutes les évolutions , euh, dans les technologies, tout ça, maintenant c'est des autres demandes, il y a le commerce qui s'est développé, donc le secteur tertiaire que,
CG: que il y avait , voilà. Donc tout ce qui est gestion, bon ben ça c'est dans les bureaux euh,
CG: informatique tout ça, ça a créé des emplois, ben ouais ça a été des créations à (x) donc euh , ben oui.
SG: Ouais ouais.
CG: Avec l'événement de, du m/ des marchés et tout.
SG: Oui c'est , c'est la vie, quand il y a eu le monde ouvrier, vous c'était p/ principalement le monde agricole après il y a eu le monde ouvrier.
GR: Ouais ouais.
GR: Ah oui . Oui oui. Ca a changé, oui oui.
GR: Les jeunes ont repris les études.
SG: Grâce aux parents ouvriers , en fait, un peu.
CG: Ah oui parce que après euh, ben oui, voilà, et les parents pouvaient payer les études.
GR: On le sent à Saint-Gilles, la voisine là,
GR: Nlieu elle disait qu'à Saint-Gilles dans le temps, autrefois dans son, jeune temps,
GR: il y avait cinquante-deux fermes à Saint-Gilles. Et maintenant il y en a quatre.
SG: Oui, cinquante-deux petites fermes , et ça suffisait pour vivre. GR: avait deux ou trois vaches pour vivre et puis l'homme allait,
GR: à ses journées travailler en, en ferme agricole.
SG: Pour compléter. GR: oui, pour compléter, oui oui.
GR: Ah oui. Et puis il vendait, deux trois livres de beurre ou trois quatre kilos de beurre et ben, la femme faisait, vivait de ça,
GR: et oui.
E: Vous vendiez ça au marché?
GR: Il y avait le marché tous les samedis on allait,
GR: maman allait porter la motte de beurre au marché en ven/ tournait , à Domfront.
GR: oui, on tournait, on faisait la baratte, à la main, et puis euh, faisait le beurre et puis on p/ et portait le march/ le beurre au marché.
GR: Oui oui. Les beu/ le beurre et les oeufs. Ah oui oui.
GR: On se vendait ça euh, et puis, on avait beaucoup de volailles,
GR: dans ce temps-là les poules et des lapins parce qu'on achetait, on allait pas acheter, la viande à la boucherie,
GR: jamais on mangeait viande de boucher pour dire. Ou un pot-au-feu de temps en temps c'était une poule un lapin ou,
GR: ou du, lard.
SG: En circuit fermé en fait vous, vous
SG: vous mangiez ce que vous viviez. GR: vivait de ce que . Récoltiez.
GR: Des fruits, on achetait jamais de fruits, s'il y avait des pommes on en mangeait, l'hiver, s'il y en avait pas on s'en passait.
GR: Il y avait pas d'entrée euh, on mangeait pas d'entrée c'était un morceau de lard avec des pommes de terre des carottes ,
GR: c'était, il y avait qu'un plat unique. Le fromage on connaissait pas ça, manger du fromage après un repas on mangeait pas de fromage . Ah non.
E: Ah qui l'aurait cru.
SG: Pas de camembert?
GR: Non non, non non, (xx) tu as mangé moins de camembert. (rires)
GR: Oui, il était pas, il y avait pas d'usine de fromage comme il y a, à Domfront.
CG: Parce que c'est dans les années soixantes soixante-dix, quand (xx) industrialisation.
SG: Et maintenant toutes les sortes de fromages qu'on voit dans les, dans les rayons, c'est fabuleux, chaque région a ses,
SG: types de fromages , quand on va dans le rayon fromage dans les grandes surfaces c'est fabuleux .
CG: Ouais mais il y a pas que le fromage aussi il y a. SG: tout , mais euh, on parle de fromage là c'est vrai que c'est,
GR: Oui hein. On avait une petite épicerie, on allait toujours à la même épicerie.
GR: Toujours une petite épicerie alors bon il y avait le sucre, le froma/ pas le from/ le sucre, un peu de fromage, et puis euh,
GR: euh, le, le sucre, le fromage, le café, l/ le plus,
GR: ce qui est nécessaire c'est tout.
GR: Pas question d'acheter des fruits ou des fantaisies. Et on faisait le pain.
GR: Oui, papa euh, faisait le pain et je lui aidais à faire le pain. Oui oui.
E: Il le faisait cuire où?
GR: Dans un four , hein, dans un four.
SG: Chaque ferme avait son four.
GR: Son four, oui, faisait son pain, oui oui.
GR: On faisait notre pain.
E: Un four en pierre ou en tuile ou.
GR: Comment?
E: Un four en pierre euh. GR: c'était le, le , en brique, la, le voute était en brique et puis le four c'était de la,
GR: de la brique aussi de la pierre. Alors il mettait euh,
GR: ses petits fagots, pour chauffer le four et puis il enfournait le pain, pendant une heure et demie et puis on retirait le pain,
GR: alors ça faisait une dizaine de jours le pain, on boulangeait tous les dix jours à peu près. Oui oui.
E: Vous appeliez ça boulanger hein?
GR: Boulanger oui oui, oui oui.
GR: Mais le p/ c'était vraiment du bon pain , c'était,
GR: ah oui oui.
E: Avec du blé de la ferme ou bien?
GR: Oui on faisait moudre euh,
GR: on récol/ on faisait du blé, on récoltait le blé, et puis on portait ce, le,
GR: blé à faire moudre au moulin, à Saint-Marc,
GR: et puis on rapportait la farine, et puis on faisait le pain.
SG: C'est fabuleux hein.
GR: Oui oui, on faisait le pain, oui oui.
E: Bon ben voilà.
GR: On, on discuterait une journée,
GR: de temps comme ça. E: ouais, on peut con/ on peut continuer hein. (rires)
E: Ca, je pense que ça vous surprend un peu tout ça, ou bien vous connaissiez bien peut-être?
CG: Euh non, au niveau du pain euh. GR: as pas connu la vie à mamie dans son jeune temps.
CG: Mais c'est vrai que. GR: fois je te disais dis tiens dans, mamie dans le temps elle faisait ça hein.
GR: Elle travaillait, à douze ans elle travaillait hein.
CG: Ouais c'est vrai que tu en parles, tu en parles , mais euh,
CG: mais c/ ouais, comme euh, comme tout de suite là et puis quand je la vois euh, parler en rigolant euh, enfin heureuse quoi, elle est heureuse quand elle raconte
CG: sa vie et, et ça fait plaisir quoi dire euh, 'J'aimais la ferme, j'aimais pas l'école , j'aimais la ferme', quoi . C'est, c'est beau de. SG: c'est, même si c'était dur il y a du bonheur quand même .
CG: La voir parler comme ça euh , avec le, le sourire euh, grand ça fait , non mais c'est vrai on la voit pas. GR: douze ans mais j'avais la santé, j'étais résistante . Oui oui.
GR: J'étais résistante . Oui oui. Ah oui.
E: Parce que vous étiez peut-être préparés aussi.
GR: Et puis on (xxx) il y avait des, pour monter le foin il y avait des euh, des greniers qui étaient très très hauts, alors il fallait monter l'échelle, moi j'avais pas peur mais ma soeur ainée,
GR: elle avait peur elle en pleurait dans le bas de l'échelle pour monter , mais il y avait pas à dire il fallait le faire quand même hein.
GR: Il fallait aider, il fallait y aller. Mais moi ça me coûtait pas j'avais peur de, rien.
GR: J'avais pas peur de monter n'importe où.
E: En fermière née là hein. (rires)
GR: J'avais pas peur .
GR: Oui oui, ah oui, c'est lointain ce temps-là.
E: Vous trouvez?
GR: Ben oui, à soixante-quatorze ans, bientôt soixante-quinze, alors à douze ans hein, ça fait déjà des années.
E: Ouais parce que vous avez pris votre retraite il y a, une quinzaine d'années?
GR: Et ben en, et ben j'avais soixante-et-une ans quand ils l'ont donnée la retraite combien de c'était, en dégressif.
GR: Alors ils l'ont donnée, mon mari l'a eu à soixante-cinq ans mais moi je l'ai eu à soixante-et-une ans parce que la loi avait passé, qu'ils donneraient la l/ la retraite à soixante ans mais, dégressivement je, alors je l'ai eu à soixante-et-une ans.
GR: Oui oui.
E: Oui donc ça fait déjà un bout de temps hein.
GR: Treize ans , treize ans enfin l'année prochaine.
GR: Ah oui.
GR: Mon mari avait la retraite et puis, on exploitait quand même. Parce qu'il avait le droit d'exploiter. Il avait le droit d'exploiter.
GR: On a exploité trop longtemps.
SG: Ben oui, vous en avez pas assez profité à vous reposer tous les deux mais bon.
SG: Oui.
E: Mais vous aimiez ça aussi donc euh. GR: ben oui, ben oui , c'est pour ça puis moi j'étais pas à la, mon mari était à la retraite mais moi j'étais pas à la retraite.
SG: Ben il y avait huit ans de différence entre les deux donc c'est là qu'on voit un petit peu le décalage.
GR: Comme j'avais pas la retraite ben on continuait à exploiter, malgré qu'on lâchait un petit peu quand même un petit peu tous les ans quand même. Oui.
GR: On avait déjà moins grand, petit à petit, on lâchait.
CG: Donc pendant quatre ans, papi était à la retraite et toi tu continuais? Pendant quatre ans, oui.