Liste de mots||Texte lu||Conversation guidée || Conversation libre

E: C'était sa langue maternelle, ou euh .
PM: Ah non, ah non, non, non, non.
PM: Non, non , ah non, non, non, non, ah non,
PM: c'était euh, c'était,
PM: c'était en/, entre, entre copains, entre,
PM: comme ça, euh,
PM: quand, quand il m'enguirlandait, c'était en patois, euh.
(silence)
MD: Mais euh, non, c/, ça, non, non, non, non, la langue maternelle, c'était, la, la langue, oui, sa langue maternelle, c'était le français.
(silence)
E: D'accord.
PM: Et le, euh, le patois, c'était, secondaire.
(silence)
E: Non, je vous demande ça, parce que dans le sud, les euh, les personnes de votre âge,
(silence)
E: leur première langue, c'est souvent le patois.
E: Ils parlaient le français qu'à l'école .
PM: Je sais, je sais, je sais.
E: Ici , ça s'est perdu plus vite .
E: Oui .
PM: du Midi, hein, le Vauc/, enfin, c'était le sud du Vaucluse, même.
(inspiration)
PM: Et, euh, non, le nord, du Vaucluse,
PM: pardon.
PM: Euh, c'est moi qui raconte des euh,
PM: des bêtises.
PM: Et, mais déjà, euh, on, on sentait cette, euh, cette, euh,
PM: volonté, de, euh, de, euh, de parler le patois, hein.
(silence)
PM: Je ne dis pas que, euh,
PM: ils ne connaissaient que le patois, pas du tout,
PM: et qu'ils le parlaient euh, tout le temps, mais euh,
PM: ils aimaient bien.
PM: Ils aimaient bien, discuter en patois. Mais,
PM: les anciens aussi, hein, aimaient bien discuter en patois.
PM: Mon père aimait bien discuter en patois avec tous ses copains, hein , oh oui, oui, oui, oui, oh oui, oui, oui.
PM: Oh oui, oh oui. Oh oui .
(silence)
PM: Euh, en euh, Moselle ?
PM: En Moselle, ah oui .
E: Dans le sud, je veux dire, pas euh , du côté de Nice, tout ça,
PM: Ils ont, ils ont eu une interdiction ?
E: Dans les années vingt, euh .
PM: Ah ça, alors là, première nouvelle.
(silence)
E: Ca les a pas empêchés de le faire entre eux, mais à l'école, ils avaient pas droit. Ni à l'école, ni dans la rue , théoriquement.
PM: C'est possible. Je ne sais pas, ça, je ne le savais pas.
PM: On ne sait pas tout, hein, vous savez.
PM: Oh, oh, (rire). oh, vous allez voir . Oh oui.
(silence)
PM: C'est toujours intéressant .
PM: J'ai toujours adoré ça.
(silence)
E: Oui.
(silence)
E: Moi, j'apprends plein de choses en faisant les enquêtes, aussi.
PM: Bien euh, ça je m'en doute, oui.
(silence)
E: Surtout que c'est pas ma région .
E: Non, c'est euh, c'est dans le cadre d'un projet,
E: qui concerne le, le français régional,
E: on fait des enquêtes un petit peu partout en France .
PM: Qui, euh, qui dépend du ministère de la Culture, euh, non, même pas ?
PM: Ah, C.N.R.S., ah oui, d'accord.
E: Voilà .
(silence)
E: Donc là, on a déjà fait une soixantaine d'enquêtes , en France et dans les pays francophones .
PM: c'est bien.
PM: C'est bien, c'est bien.
E: Oui. Et puis ça permet aussi de garder les accents .
(bruit de fond)
PM: Moi, je, je vous, dirais franchement que je regrette beaucoup,
(silence)
PM: que, euh, on n'ait pas euh, continué à parler patois.
(silence)
PM: Moi, je le regrette beaucoup.
(silence)
PM: Je l'ai abandonné parce que il y avait plus personne, et puis de toute manière, bon, bien j'ai, j'ai quand même pas mal vadrouillé,
PM: j'ai, je suis pas toujours resté au village, euh, si bien que j'ai eu moins de contacts que, que certains avec, euh, avec le patois.
PM: Mais euh, moi je le regrette, personnellement je le regrette.
E: Ouais .
PM: il faut se, euh,
PM: faut s'y faire .
(inspiration)
PM: Oui.
(silence)
PM: Oui, c'est dommage.
PM: Oui. Oui, oui.
PM: C'est pour ça, je vous dis, euh, la euh,
PM: quand, euh, j'avais entendu parler de cette histoire de professeur qui, euh.
(inspiration)
PM: Euh, qui cherchait. Je me rappelle plus son nom.
PM: Plus du tout, je me rappelle plus son nom, et euh, je me rappelle de son,
PM: euh.
PM: J'avais entendu parler de ça, j'avais dit, 'tiens, ça serait bien, que, euh, vraiment, il y a quelqu'un qui s'en euh, qui s'en mêle', je sais pas s'il a réussi, j'en sais rien.
(silence)
PM: XX .
PM: Je m'en suis pas trop intéressé, j'avais autre chose à faire en ce temps-là.
(silence)
(inspiration)
PM: Maintenant, je m'y intéresserais beaucoup plus, mais.
E: C'est trop tard .
(inspiration)
PM: Et le temps perdu ne se rattrape jamais.
PM: Et c'est bien vrai.
(rire)
(silence)
E: Si vous le dîtes, moi, je sais pas encore.
(rire)
(silence)
PM: Ne euh, soyez pas pressée de le, euh, de le savoir .
(rires)
E: Et votre maman, elle est née quand ?
PM: S'il vous plaît ?
E: Votre mère ?
PM: Quatre-vingt-huit.
(silence)
E: Dix huit cent quatre-vingt-huit.
E: A Ogéviller ?
PM: Non, à Mignéville.
E: Comment vous écrivez ça ?
PM: I.
PM: G.N.E.
PM: V.I.
PM: Deux L. E.
(silence)
E: C'est loin ?
(silence)
PM: Cinq kilomètres.
(silence)
E: Ca va.
E: C'est honnête .
(inspiration)
PM: C'est correct.
(silence)
(rire)
E: Et don/, elle, euh, elle était vannière, aussi ?
PM: Euh, non.
PM: Non, non, non, non, non, non, non, non, son père, euh, était agriculteur, euh, bon, elle a fait l'agriculture, euh, enfin la euh, la culture, euh, avec mon père, elle s'en est beaucoup o/.
(silence)
PM: Beaucoup occupée, euh,
PM: quand il faisait de la vannerie, euh,
PM: elle a euh, elle faisait le, euh, elle s'occupait, de, du, du,
PM: bétail, elle l'a aidé quelque fois dans la vannerie, mais,
PM: tellement peu, que, euh,
PM: c'est même pas la peine d'en parler.
E: D'accord.
(silence)
E: Et puis, elle a élevé ses enfants.
(inspiration)
PM: Oui, enfin, il y en avait que deux, hein.
(silence)
E: C'est quand même du travail, hein.
PM: C'est quand même du travail, mais puis, puis, pendant la guerre, je vous dis, comme mon père avait été, euh, fait prisonnier, enfin il avait été laissé pour mort sur le terrain.
(bruit de fond)
PM: A euh, Tabaut.
PM: Qui est euh, en Alsace, un peu plus loin, là, à Dabaut, euh.
(silence)
PM: Et, euh, c'était à la retraite,
PM: qu'on appelait, la retraite de Sarrebourg.
(inspiration)
PM: Il a été laissé pour mort, et euh, il avait une balle, qui l'avait, qui lui avait traversé, depuis ici jusque l'autre côté, qui lui avait traversé les intestins et tout.
E: Et bien.
(silence)
PM: Et euh, l/, la seule, euh,
PM: la s/, sa seule chance, il a pas été soigné, rien du tout,
(silence)
PM: et sa, la seule chance qu'il ait eue, c'est que, euh, ça faisait, déjà au moins deux, trois jours qu'il n'avait plus de ravitaillement par l'armée française en mille neuf cent euh,
PM: quatorze,
PM: et euh, après, bien, quand il a été blessé, il n'a pas eu de ravitaillement, si bien qu'il a été onze jours sans manger,
PM: ni boire.
(silence)
E: Et il a survécu ?
PM: Et il a survécu, heureusement, grâce, justement, parce que,
PM: euh, il y a pas eu d'aliments qui sont venus infecter la plaie.